C'est un poème parisien, un poème de la ville. C'est sans doute à l'occasion de sa flânerie à travers la Paris que Baudelaire croise ces « Petites Vieilles ». L'urbanisme fait apparaître des villes énormes et nouvelles dans la seconde moitié du XIX ème siècle comme ce nouveau Paris que le baron Haussmann fait sortir de terre, après avoir préalablement détruit le vieux Paris. Mais ce vieux Paris n'a pas encore complètement disparu. Il en reste des ruines. « Les Petites Vieilles » sont les témoins de cet ancien urbanisme de Paris et lui survivent. Le poète montre à la fois sa cruauté et sa fascination à l'égard de ces pauvres êtres. Ces parias prennent à ses yeux une dimension mythique et suscitent chez le poète nombre de sentiments qui n'excluent pas la perversion. Lecture Les Petites Vieilles A Victor Hugo IV Telles vous cheminez, stoïques et sans plaintes, A travers le chaos des vivantes cités, Mères au coeur saignant, courtisanes ou saintes, Dont autrefois les noms par tous étaient cités.
Le Désespoir est un poème en prose de Charles Baudelaire, le deuxième du recueil Spleen de Paris (1869).
Honteuses d'exister, ombres ratatinées, Peureuses, le dos bas, vous côtoyez les murs; Et nul ne vous salue, étranges destinées! Débris d'humanité pour l'éternité mûrs! Mais moi, moi qui de loin tendrement vous surveille, L'oeil inquiet, fixé sur vos pas incertains, Tout comme si j'étais votre père, ô merveille! Je goûte à votre insu des plaisirs clandestins: Je vois s'épanouir vos passions novices; Sombres ou lumineux, je vis vos jours perdus; Mon coeur multiplié jouit de tous vos vices! Mon âme resplendit de toutes vos vertus! Ruines! ma famille! ô cerveaux congénères! Je vous fais chaque soir un solennel adieu! Où serez-vous demain, Eves octogénaires, Sur qui pèse la griffe effroyable de Dieu?
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