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À l'occasion de la marche mondiale pour la protection des éléphants et des rhinocéros, ce dimanche 5 octobre 2014, nous attirons l'attention de nos lecteurs sur Romain Gary, l'auteur de Racines du ciel, (1956) un roman qui marqua le début de l'ère écologique et qui mobilisa l'opinion publique en faveur des éléphants. En 1968, Romain Gary, a aussi publié, dans le Figaro littéraire une Lettre à l'éléphant, dont voici quelques extraits: «Vous vous demanderez sans doute en lisant cette lettre ce qui a pu inciter à l'écrire un spécimen zoologique si profondément soucieux de l'avenir de sa propre espèce. L'instinct de conservation, tel est, bien sûr ce motif. Depuis fort longtemps déjà, j'ai le sentiment que nos destins sont liés. En ces jours périlleux "d'équilibre par la terreur", de massacres et de calculs savants sur le nombre d'humains qui survivront à un holocauste nucléaire, il n'est que trop naturel que mes pensées se tournent vers vous. À mes yeux, monsieur et cher éléphant, vous représentez à la perfection tout ce qui est aujourd'hui menacé d'extinction au nom du progrès, de l'efficacité, du matérialisme intégral, d'une idéologie ou même de la raison car un certain usage abstrait et inhumain de la raison et de la logique se fait de plus en plus le complice de notre folie meurtrière.

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Lettre À L Elephants Dream

Avant-propos « Monsieur et cher éléphant, « J'ai le sentiment que nos destins sont liés. Et pourtant l'on vous considère comme incompatible avec l'époque actuelle. « Si le monde ne peut plus s'offrir le luxe de cette beauté naturelle, c'est qu'il ne tardera pas à succomber à sa propre laideur et qu'elle le détruira. Il n'est pas douteux que votre disparition signifiera le commencement d'un monde entièrement fait pour l'Homme. Mais, laissez-moi vous dire ceci, mon vieil ami: dans un monde entièrement fait pour l'Homme, il se pourrait bien qu'il n'y eût pas non plus place pour l'Homme. « Vous êtes notre dernière innocence. « C'est ainsi, Monsieur et cher éléphant, que nous nous trouvons, vous et moi, sur le même bateau, poussé vers l'oubli par le même vent du rationalisme absolu. Dans une société, vraiment matérialiste et réaliste, poètes, écrivains, artistes, rêveurs et éléphants ne sont plus que des gêneurs. » En mars 1968, Romain Gary écrivait cette bouleversante Lettre à l'Éléphant, dont nous citons ici des extraits.

Lettre À L Elephant Paname

C'est le sujet de ce livre, fruit de plus d'un an de travail. Il part de la question du progrès – qu'est-ce qui constitue un véritable progrès pour l'être humain? – pour aboutir à celle du sens: pourquoi vivre et sur quelles valeurs fonder notre existence individuelle et collective? Entre ce chapitre inaugural et le chapitre final, nous abordons les grands thèmes qui conditionnent nos vies et où résident les blocages actuels, mais aussi les clés du changement: le plaisir et le désir, l'économie, le politique, l'intérêt individuel et le bien commun, l'unité et la diversité, le réel et le virtuel, l'être et l'avoir. Nous avons croisé nos réflexions, mais aussi nos expériences, tirées de tant de rencontres. Loin de tout esprit incantatoire ou catastrophiste, nous proposons tout au long de ce livre des principes et des valeurs qui dessinent les contours du monde auquel nous aspirons, mais aussi des propositions réalistes et concrètes qui permettraient d'opérer sans plus attendre cette nécessaire mutation.

Lettre À L Éléphant Clothing

En effet, malgré un consensus scientifique sur les capacités cognitives et comportementales des éléphants, établissant que ces derniers ont besoin d'une structure sociale pour s'épanouir, qu'ils ressentent des émotions pour certaines similaires aux nôtres et qu'ils mènent une vie nomade, l'administration française et les exploitants de cirques et de zoos semblent résumer les impératifs biologiques des éléphants aux besoins de boire et de manger. Notre droit ne semble apporter que des réponses partielles, superfétatoires et inappropriées. Le flou juridique entourant la notion "d'impératif biologique" est une porte ouverte à l'exploitation des animaux. Heureusement, ailleurs dans le monde, la question de la reconnaissance de droits des animaux progresse. Le 21 mai dernier la Cour Suprême d'Islamabad au Pakistan, a jugé dans le cas de l'éléphant Kaavan détenu au zoo de la capitale, qu'il est établi que l'animal n'est pas simplement une "chose" ou une "propriété" et qu'à l'instar des humains, les animaux ont également des droits naturels qui devraient leur être reconnus.

Il semble évident aujourd'hui que nous nous sommes comportés tout simplement envers d'autres espèces, et la vôtre en particulier, comme nous sommes sur le point de le faire envers nous-mêmes. [... ] J'espère que vous n'y verrez pas un manque de respect si je vous avoue que votre taille, votre force et votre ardente aspiration à une existence sans entrave vous rendent évidemment tout à fait anachronique. Aussi vous considère-t-on comme incompatible avec l'époque actuelle. Mais à tous ceux parmi nous qu'éc¦urent nos villes polluées et nos pensées plus polluées encore, votre colossale présence, votre survie, contre vents et marées, agissent comme un message rassurant. Tout n'est pas encore perdu, le dernier espoir de liberté ne s'est pas encore complètement évanoui de cette terre, et qui sait? si nous cessons de détruire les éléphants et les empêchons de disparaître, peut-être réussirons-nous également à protéger notre propre espèce contre nos entreprises d'extermination. Si l'homme se montre capable de respect envers la vie sous la forme la plus formidable et la plus encombrante - allons, allons, ne secouez pas vos oreilles et ne levez pas votre trompe avec colère, je n'avais pas l'intention de vous froisser - alors demeure une chance pour que la Chine ne soit pas l'annonce de l'avenir qui nous attend, mais pour que l'individu, cet autre monstre préhistorique encombrant et maladroit, parvienne d'une manière ou d'une autre à survivre.

La situation n'a fait qu'empirer depuis. C'est justement parce que nous refusons cette fatalité que nous avons décidé d'écrire ce livre à deux voix. Nous entendons être de ces « gêneurs » qui dénoncent un système devenu fou et les logiques qui l'animent. Il est extrêmement difficile de faire bouger les choses dans le cadre de l'exercice du pouvoir politique, tant les résistances mentales et économiques sont grandes. Pour rendre possible la nécessaire transition écologique et solidaire, c'est d'abord d'un nouveau regard et d'une profonde transformation des esprits que nous avons besoin. Au-delà des souffrances qu'elle inflige, puissions-nous voir la crise actuelle comme une opportunité qui nous aide à changer notre regard sur le monde et à modifier nos comportements. Puissions-nous ne plus repartir comme si de rien n'était, dans la même frénésie consumériste et de destruction des écosystèmes de la planète. Puissions-nous être unis et solidaires dans la période de résilience qui s'annonce pour nous attaquer aux causes profondes de la crise que nous traversons.

Güde Perceuse À Colonne