Ainsi, les dérives travaillées par Guy Debord ou encore les relevés des déplacements d'enfants autistes par Fernand Deligny, sont des hors-temps certes, mais pas des hors-sujets. Ils apparaîtront pendant la visite comme des digressions, des inserts, des corollaires enrichissant le propos. Si la dérive marine désigne l'écart dans un itinéraire, Guy Debord la conçoit notamment comme une possibilité de cartographier la ville et de diffuser l'art dans la vie. Certaines opérations des « dérives de l'imaginaire » se révèlent de véritables cartographies inversées. De la flânerie à la dérive, leurs pionniers et leurs successeurs n'ont eu de cesse de dépasser les oppositions entre le travail et le désoeuvrement. Seul ce désoeuvrement est susceptible de favoriser le hasard, ses requalifications cruciales et ses conjonctions originales. Les artistes opèrent alors en spectateurs du monde dont les montages mettent en déroute toute efficacité: « Le temps de rien » pour un « dépassement de l'art ».
La matérialité devient aussi cinématographique qu'un regard à travers la fenêtre d'un train: « Situation du vent... / Les mots se perdent. Souvent ils ne sont que la projection de votre propre séduction... / Parfois silence…(Autrefois il prenait souvent le train pour travestir son inquiétude en lassitude, 1984).
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