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Ainsi, les dérives travaillées par Guy Debord ou encore les relevés des déplacements d'enfants autistes par Fernand Deligny, sont des hors-temps certes, mais pas des hors-sujets. Ils apparaîtront pendant la visite comme des digressions, des inserts, des corollaires enrichissant le propos. Si la dérive marine désigne l'écart dans un itinéraire, Guy Debord la conçoit notamment comme une possibilité de cartographier la ville et de diffuser l'art dans la vie. Certaines opérations des « dérives de l'imaginaire » se révèlent de véritables cartographies inversées. De la flânerie à la dérive, leurs pionniers et leurs successeurs n'ont eu de cesse de dépasser les oppositions entre le travail et le désoeuvrement. Seul ce désoeuvrement est susceptible de favoriser le hasard, ses requalifications cruciales et ses conjonctions originales. Les artistes opèrent alors en spectateurs du monde dont les montages mettent en déroute toute efficacité: « Le temps de rien » pour un « dépassement de l'art ».

Le Temps De Rien Richard Baquié English

Il montre une carcasse de Plymouth, Amore Mio (1985, MAMC), privée de roues, éclatée en quatre parties, chacune d'elles soulignant l'un des aspects du voyage: le froid, la vitesse, la convivialité et, au centre, le vide où le public circulant peut reconstituer cette voiture de rêve, vivant ainsi le principe de réversibilité; comme, d'ailleurs, celui de l'eau qu'il fait circuler, sant encore plus les éléments assemblés, dans un état différent de celui d'origine, et devenant, de ce fait, sculpture. Des décharges, il rapporte aussi des panneaux indicateurs routiers, qu'il manipule pour en tirer des sculptures monumentales, Le Temps de rien, (1985, CAPC, Bordeaux), Instant de doute (1988, MAMStE) dans lequels se mêlent signes et alphabets. Pour affirmer sa (très) libre filiation avec Duchamp*, il refait Étant donné, (1990) - la dernière œuvre du maître. Sa dernière installation*, Tôt ou tard, (1994), quatre panneaux de verres brisés, formant abri ventilé, sert de décor à une intervention, restituée aujourd'hui sous forme de vidéo*.

La matérialité devient aussi cinématographique qu'un regard à travers la fenêtre d'un train: « Situation du vent... / Les mots se perdent. Souvent ils ne sont que la projection de votre propre séduction... / Parfois silence…(Autrefois il prenait souvent le train pour travestir son inquiétude en lassitude, 1984).

Projet De Soins En Soins Palliatifs