Les travailleurs âgés de 35 à 54 ans sont les plus touchés, en particulier depuis la crise de 2008, d'après une étude académique portant sur la période 1995-2016. Et si l'explosion des arrêts de travail n'était que l'écho de la souffrance des travailleurs plutôt qu' un dérapage injustifié, comme semblent le penser le premier ministre et la ministre de la Santé? C'est la question que se pose le Pr Joël Coste, professeur d'épidémiologie et de biostatistique à l'université Paris-Descartes. Santé qui se dégrade meaning. Il faut dire qu'il a de bonnes raisons pour cela. Avec ses collègues, il vient de publier dans le Journal of Epidemiology and Community Health les résultats d'une étude purement académique portant sur la période 1995-2016. En utilisant le même questionnaire de qualité de vie (le SF-36) sur des échantillons représentatifs de la population française à trois reprises au cours de ces vingt dernières années (1995, 2003, 2016), ils montrent une importante dégradation de la qualité de vie en France. L'analyse est d'autant plus intéressante que le questionnaire SF-36 est fondé sur l'appréciation des patients et non sur des mesures purement médicales «Une dégradation générale mais qui touche principalement les sujets d'âge moyen (35-54 ans) et qui travaillent, explique au Figaro le Pr Coste.
Il y a une dizaine d'années, des chercheurs de l'University College de Londres montraient, à partir du SF-36, que si la santé en général avait tendance à se détériorer en vieillissant, ceci était encore plus rapide dans les classes sociales les moins favorisées. Santé: l’accès aux soins se dégrade. Quant à la santé mentale, qui, elle, s'améliore plutôt avec l'âge, là encore, le bénéfice était plus marqué dans les catégories socialement favorisées. «Si la réponse est de charger les médecins qui prescrivent trop d'arrêts de travail, on se trompe de cible» Pr Joël Coste, professeur d'épidémiologie et de biostatistique à l'université Paris-Descartes Le point de vue des patients sur leur santé au sens de l'OMS n'a pas toujours été pris en compte par les acteurs de la santé publique; les temps changent. «Nous l'avons constaté durant toutes ces dernières années: celui qui décide, dans nos systèmes de santé, c'est le patient», admettait ainsi Emmanuel Macron, le 18 septembre, lors d'un discours sur la stratégie de transformation du système de santé.
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